I'm sorry, this blog revival will only be in french, because writing my articles both in english and french is one of the reasons why I didn't had the courage to write here for monthes. This article is about what I think of the too important place of the artistic fact in the doll community. Moreover I know how it is in France, but not really on the international side.
J’ai lu il y a peu un nouvel article sur la passion des
poupées (BJDs ou Pullip exclusivement) qui fait la part belle aux clichés
communément admis dans le cercle des collectionneurs :
L’article est plutôt bien articulé, description du
« phénomène », de l’objet et des différents préjugés qui y sont
associés.
A mon avis l’auteure s’y épanche un peu trop sur ses
vicissitudes personnelles. Elle défend la cause commune pour ensuite faire
tomber la communauté dans le cliché de la pauvre petite fille malheureuse qui
s’est achetée une poupée pour se consoler. Non, je ne dirai pas qu’elle aurait
mieux fait de s’acheter une robe, sa contribution au monde des poupées a l’air
sympathique, ses créations mignonnes, bien qu’un peu consensuelles à mon goût, mais
rien que son intention de faire cet article sur ce support est en soit une
bonne idée. Sans ce passage, l’article aurait juste été plus neutre ou
générique. Elle aurait pu aussi illustrer l’article avec des photos plus
variées. Je conçois bien que c’est plus compliqué parce qu’il faut demander des
autorisations aux autres collectionneurs ou compagnies, mais elle fait passer
un biais puisqu’elle parle apparemment au nom de la communauté :
« la poupée c’est mon univers ».
Mon principal souci se situe plus au niveau de l’idée
véhiculée au sein même de la communauté.
Vous n’êtes pas sans savoir pour certains que je suis passée
à la télé dans 100% mag sur M6. Je n’ai pas regardé le produit fini de 7 min
(Ahah jamaisXD !), mon intention de départ étant plutôt de voir le revers
de la médaille, le tournage, accompagnée de ma copine. Une sorte d’activité
originale entre potes, de la curiosité. Je savais à quoi m’attendre sur le
montage, là n’était pas la question. J’y suis allée parce que je n’ai pas peur
de l’image qu’on pourrait donner de moi (et les réactions de mon entourage au
grand complet ne m’ont pas déçue), je ne suis pas fragile et j’ai une opinion
de la presse qui me permet de ne rien attendre de ce genre de reportage. Nous
avons été un certain nombre à « auditionner », je n’ai à aucun moment
essayé de me valoriser par rapport aux autres ni dénigré les autres candidats.
J’ai juste proposé quelque chose de différent.
J’ai dès le départ cherché un peu au hasard sur internet une
poupée me permettant de m’adonner à ma passion, la création de vêtements. Je
sais que le support est un fabuleux outil pour s’exprimer. Mais je suis aussi
tombée dans la collection, j’ai acheté des poupées en full set, des poupées
blank, des vêtements, des perruques, des yeux et des accessoires pour avoir des
objets mignons ou moins mignons rien qu’à moi. J’ai participé à des tas de rencontres, me suis
rendue sur des tas de salons en tant que visiteuse, je me suis fait des tas d’amies
qui le sont toujours, certaines depuis 7 ans. Et je me suis rendue compte que
c’était ça qui faisait la communauté. Alors quand la journaliste m’a demandé ce
que je faisais avec mes poupées et m’a expliqué ce qu’on lui avait dit depuis
le début, j’ai décidé qu’il fallait aussi montrer le pan principal de
l’activité. Et malheureusement, filmer quelqu’un derrière son ordinateur qui
rit devant des photostories ou organise des preorder et des rencontres n’est
pas très photogénique… Malgré les heures que je passais dans toutes les
situations sur ma couture, mes makeups, j’ai décidé naïvement de lui parler de
l’activité principale de toute poupeuse, le partage avec des potes.
J’ai donc menti (je fais mon coming out\o/)… Oui, quand
quelques nanas, vite rejointes par les trolls du net, les fouilles caca, les
soucieuses de leur image à travers la mienne (Oo), m’ont craché dessus comme
des malpropres, j’ai dit que je n’y étais allée que pour parler de ma passion
sans vouloir parler au nom de la communauté. C’était faux, j'y suis bel et bien allée naïvement en voulant représenter ce que faisait pour moi la communauté. Mais alors j’ai
compris quel était notre problème. Le problème que décrit
merveilleusement cet article, mon combat en quelque sorte.
Pour résumer ma pensé : « Non, nous ne sommes pas
des artistes ». Du moins sûrement pas toutes, et sûrement pas toutes
celles qui le revendiquent. Ma définition personnelle de l’artisterie comprend
tout un pan lié aux intentions du créateur (autre que faire quelque chose de
mignon ou joli), un message. Créer ce n’est pas forcément exprimer des idées.
Personnellement, je ne sais pas les exprimer autrement qu’en les verbalisant.
Mais faire de l’art c’est pour moi exprimer des idées.
Je peux donc passer 100
heures sur quelque chose en exprimant juste une image mentale, que je trouve
jolie. Vous me direz, ce n'est que ma définition personnelle, que peu de monde entre dans ma définition, oui c’est le
but. Je suis artisan, fière de l’être, nous devrions tous valoriser le terme.
Et là nous entrons dans ce que je trouve préjudiciable dans la communauté.
La survalorisation de la poupée nous fait énormément de mal.
Je suis partisane du « être raisonnable », « accepter ce que
l’on est ». Je ne pense pas que le fait de sentir qu’on a quelque chose à
prouver par rapport aux autres et de l’exprimer par une survalorisation par
rapport à l’interlocuteur soit une bonne méthode. Je suppute que beaucoup de
personnes dans la communauté se sentent flattées par ce genre d’article.
D’ailleurs, dans un débat sur un forum, personne ne reprend une nana qui jure à
tu tête que c’est mal d’avoir des poupées chères parce que les poupées c’est
uniquement vital pour faire de l’art, elle a le droit d’avoir des poupées parce
que c’est une artiste... Vous ne voyiez pas le mal ? Si je cherche à me
mettre en retrait par rapport à l’article, à déduire les réactions (peut être
mal ceci dit), cela donne ça :
Je passerais sur celui qui s’en fout, celui que ça dépasse, celui
qui connaît le milieu et qui en a une image pas tendre (et qui va se gausser
« elles se prennent toutes pour des artistes ahahah », pour les
mauvaises raisons, mais qui va le faire).
Je passerais sur les tas de nanas qui ont produit des objets
« artistiques » avec leurs poupées qui n’ont pas été aux goûts de
tout le monde. Qui se sont faites écharpées pour massacre, truelle et autres
intentions pas en adéquation avec le débat ou la mode du moment (trop typée,
trop sexuée, trop mignonne y en a marre, trop originale, trop banale, trop
inspirée voir copiée etc.).
Et la grosse majorité des gens qui veulent des poupées parce
que c’est joli et cool, vous en faites quoi ? Telle est la question
fondamentale. 90% des gens ont des poupées pour avoir des poupées, ou partager,
faire des photos d’ouverture de boites (je me moque gentiment ;) mais
c’est le biais qu’introduit internet). Ils achètent des full sets, en sont
contents comme de leur premier cadeau de noël, c’est en soit un truc génial.
Ils vont sur internet et discutent avec des gens qui ont la même passion, voir
les voient IRL et c’est un moment qu’ils apprécient vraiment. Ils achètent une
poupée blank et lui confectionnent maladroitement un makeup, des fringues, un
univers, c’est leurs premiers pas dans le handmade, ils sont fiers. Et ceux là
se prennent constamment dans le nez qu’ils n’ont pas leur place dans le monde
merveilleux des artistes réunis, soit parce qu’on les commente peu sur internet,
soit parce que la communauté ne peux être représentée dans le monde réel que
par les « artistes » qu’ils plébiscitent… Il semblerait que ce biais
arrange la grande majorité de ceux qui s’expriment dans les débats. Tout est
dans le « s’expriment ».
Je reste pour ma part sur l’idée que devant la véhémence des
défenseurs de l’artisterie, souvent maladroits et survalorisant le handmade
pour des raisons parfois peu avouables (« la plupart des gens font de la
merde avec leurs poupées, mais ne les laissons pas s’exprimer, seuls les gens
doués de talents doivent avoir la parole, ou ceux qui me brossent dans le sens
du poil»), une grosse majorité silencieuse de gens qui trient ce qu’ils aiment
et se le procurent pour faire un tout à leur goût ne rentrent pas dans la débat
pour éviter de se prendre des blessures d’orgueil. Je fais partie des deux
catégories, ceux qui achètent et ceux qui créent et je refuse de croire que je
suis la seule à me sentir dévalorisée ou insultée par le discours « Les
poupées c’est pour faire de l’art, c’est la seule raison pour laquelle on a le
droit d’en acheter». Nous sommes des tas de gens qui achètent, revendent et ne
« font pas grand-chose de plus que les petites filles » :
acheter une poupée, l’habiller, la coiffer. Derrière on prend une photo, soit, pas
toujours d’ailleurs (vous êtes dans mon salon quand je gagatte sur ma poupées
avec sa nouvelle fringue ?), c’est le biais d’internet (un biais positif),
avant nous serions restées à admirer nos jolis objets que nous possédons enfin
pour nous toutes seules. Toutes les photos deviennent elles des œuvres
d’art ?
Je sens bien que si j’ouvre ma bouche c’est justement parce
que je fais partie des deux catégories, ceux qui collectionnent et ceux qui
créent, j’en ai même fait un métier. Mais en aucun cas je fais partie de ceux
qui dénigrent tout un pan de la communauté.